Instauré depuis le 6 mai 2021 par le président de la République afin de répondre aux préoccupations sécuritaires à l’Est du pays notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, l’état de siège aujourd’hui loin de répondre aux attentes de la population qui espérait pourtant à un avènement rapide de la paix. L’organisation des Femmes Juristes pour les Droits de la Femme et de l’enfant par cet article fait état de la situation des droits humains et particulièrement ceux de la femme pendant ce régime exceptionnel.
En effet, pendant cette période comme stipulé dans l’ordonnance n°21/016 du 03 mai portant mesures d’application de l’état de siège sur une partie du territoire de la république Démocratique du Congo à son article 1er les gouvernements provinciaux de ces 2 provinces concernés sont respectivement composés d’un gouverneur militaire et d’un vice gouverneur policier…et à l’article 2 de la meme ordonnance d’ajouter que les autorités des provinces appliquent les lois et règlements de la République pour faire face à la situation et assurent le bien être collectif aux populations de leurs provinces ; pour une simple compréhension, ces autorités en plus de conduire les opérations assurent aussi l’administration ordinaire des entités en protégeant les droits des citoyens. Bien accueilli par la population concernée et porteur d’innombrables attentes de celle-ci, l’état de siège se caractériserait en ces jours par nombreux cas des violations des droits de l’homme que d’aucuns dont certains élus de la zone considère de plus meurtrier que des périodes précédentes ; plusieurs exactions sont commis sur la population civile en violation des droits fondamentaux ; on enregistre des tueries tous les jours, les incendies des maisons et des véhicules , les pillages ,les incursions nocturnes, érection des barrières illégales, les viols des femmes avant leur exécution ; sans pour autant dissocier les droits particuliers des femmes les violations suivantes sont enregistrés pendant l’état de siège et décriés par plus d’une personne bien que certains élus proches du pouvoir font l’apologie faisant ainsi fi à celles-ci :
Plusieurs femmes en outre ont été touchées par les engins explosifs piégés par l’ennemi, les unes en sont décédées, les ont en sont sorties avec des blessures graves et ont été amputées de leurs membres. Ou est le respect du droit à la vie et à l’intégrité physique ? Les inquiétudes au sujet des droits humains et de la protection des civils s’accroissent du jour le jour.
Incendies des maisons et des véhicules : une des modes opératoires de l’ennemi pendant cette période c’est l’incendie ; plus courant contrairement au temps passé , plusieurs maisons et boutiques ont été consumées suite aux incendies intentionnellement provoqués par les groupes armés qui ne pouvaient meme pas s’inquiéter de la présence des personnes à l’intérieur ; ainsi les biens ont été brulés et les victimes se retrouvent dépouillées de tout ; une cinquantaines de véhicules servant de transport en commun ont été attaqués et brulés sur le tronçons LUNA –KOMANDA avec des dégâts collatéraux ; ce qui met en difficulté les échanges commerciaux pourtant réguliers entre la province du Nord-Kivu et de l’Ituri ainsi que d’autres provinces ; face à cette situation les propriétaires des véhicules et les autorités administratives ont décidé d’une suspension momentanée du trafic dans le tronçon ; après qu’ une décision d’escorte militaire des véhicules par les FARDC et les éléments de la MONUSCO ait été prise. Chose étonnante, malgré l’escorte, certains véhicules ont été pris d’assaut par les assaillants, ce qui est difficile à expliquer. Ce phénomène en plus de causer des dégâts matériels, ont causé des dégâts humains, à cette occasion plusieurs personnes ont été enlevées pour une destination inconnue et les biens ont été pillés ; Craignant des éventuelles attaques, certains usagers de cette route ont décidé d’arrêter les activités et nombreux sont devenus sans emploi la voie aérienne n’étant pas accessible à tous ; par cela le droit à la libre circulation des citoyens est restreint ; les femmes qui fréquentaient ce tronçon pour exercer le petit commerces des vivres et non vivres ont perdu leurs capitaux et ne cessent de se demander sur leur indemnisation encore que abandonnées à leur triste sort par les autorités
Toutes ces situations ont jeté sur la rue des milliers des personnes qui se déplacent vers les zones supposées sécurisées et y mènent une vie misérable, les femmes et filles sont violées à ciel ouvert et ne sont pas prises en charge car étant éloignées des structures d’une part et ont peur de se dénoncer de l’autre, d’autres accusent des problèmes psycho somatiques difficiles à supporter , les autorités du pays n’étant pas capable de les assister bien que passées tour à tour pour évaluer la situation.
Les Résolutions 1325 et 1820 du conseil de sécurité des Nations Unies sur la femme, paix et sécurité demandent aux Etats de prendre des mesures particulières pour la protection des femmes et filles pendant les conflits armés en accordant une attention accrue à la prévention de violence sexuelle à l’égard des femmes pendant les conflits violents et en prenant en compte leurs besoins spécifiques ; ce qui est loin de la réalité dans notre province .
Tels sont des grandes des violations identifiées pendant cette période de l’état de siège qui ne sont pas exhaustives ; pour la FJDF, tout en reconnaissant l’effort fourni par les animateurs de cette période exceptionnelle ou il ya des restriction des droits et libertés ; il n’y a pas eu d’impact positif sur la situation des droits de l’homme ; cette situation reste à déplorer sur l’ensemble de la province ; la protection des personnes et leurs biens devient un problème crucial.
L’état de siège aurait servi de prétexte pour commettre des abus sur les citoyens malgré des assurances du porte parole de l’armée sur respect des droits humains et le droit humanitaire , ce régime militaire met en quelque sorte en péril un large éventail de droits ; la vulnérabilité de la femme s’est accrue .
Aujourd’hui une les citoyens concernés par cette situation exceptionnelle est divisés quant à ce qui concerne les résultats de l’état de siège et sur la nécessité de sa prolongation ; si les uns (proches du pouvoir) les qualifient de satisfaisant d’autres par contre parlent d’un échec manifeste car n’ayant pas répondu aux attentes de la population notamment la neutralisation des groupes armés mais aussi la fin de la guerre et des massacres au contraire la situation ne fait que s’empirer. Ces derniers pensent que les animateurs de l’état de siègent se sont détournés de leur mission principale en se focalisant plus sur la maximisation des recettes, la lutte contre la pandémie covid-19,….d’autre part la population civile accuse l’armée ne minimiser ses différentes alertes sur une présence de l’ennemi, ce qui crée un climat de méfiance entre elle et armée en rendant difficile ainsi la collaboration civilo-militaire. D’autres langues parlent du détournement des fonds alloués aux opérations militaires par certains officiers.
La récente déclaration du chef de l’Etat à la 76ème session de l’Assemblée Générale des Nations unies selon laquelle l’état de siège connait des avancés significatifs dans les provinces concernées a été perçue par nombreux comme une insulte à la souffrance de la population et qu’elle est la conséquence des rapports mensongers produits par différentes délégations et commissions envoyées sur place ;
Au regard de ce qui précède, l’organisation des femmes juristes se joint à ceux qui pensent qu’il faut revoir les stratégies ; ainsi elle recommande ce qui suit :
-Aux juridictions militaires ;
– d’organiser des procès des tous ceux qui sont impliqués dans les violations des droits de l’homme
– de respecter le délai légal dans l’instruction des dossiers.