L’HECATOMBE SILENCIEUSE DES FEMMES DEPLACEES INTERNES

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« La FJDF publie cet article  pour attirer l’opinion nationale et internationale sur la situation critique que traversent les femmes déplacées internes de la province du Nord Kivu et particulièrement celles du territoire de Beni »

     I. APPROCHE CONTEXTUELLE

« Lorsque 2 éléphants se battent, ce sont les herbes qui en souffrent » tel est l’adage qui se vit par la population  du Nord Kivu  et  plus particulièrement  en territoire de Lubero et  territoire de Beni  (surtout) meurtrie par la guerre insignifiante pendant au moins 6 ans qui vient de couter la vie à des milliers des personnes. En plus des massacres, plusieurs citoyens ont été enlevés dont leur sort demeure jusqu’à ces jours un mystère,

singulièrement pour le cas du territoire de Beni  la situation s’est aggravée avec les incursions à répétition des rebelles ADF dans les grandes localités du secteur Rwenzori  en zone de santé de Mutwanga  (Halungupa, Loselose, Makisabo, Ndoma, Mwenda, Bulongo, Nzenga, Mutwanga chef lieu du secteur et environs  avec l’extension  en territoire d’Irumu (province d’Ituri) proche du territoire de Beni (Ndalya, mambelenga, …)  et qui ont délocalisé selon la société civile territoriale  80% de la population  qui a choisi comme terre d’asile sécurisée la ville de Beni , la ville de Butembo et leurs environs ,là,  elle mène  ainsi une vie de calvaire au vu et au su des autorités politico-administratives, les Nations unies, et en violation des principes directeurs  relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur   de leur propre pays .   Ceci ne laisse pas indifférent les hommes et les femmes épris d’humanité   ; bien que les hommes et les femmes déplacés internes sont dans une meme situation, il s’avère que  les femmes et jeunes filles sont en état de vulnérabilité  de part leur féminité inclus le contexte général de tous les déplacés internes  que la FJDF propose de partager dans cet article

          2.  LES   PROBLEMES  RECURRENTS  DES FEMMES ET FILLES DEPLACEES INTERNES

Dans leur situation de déplacement, les femmes et filles rencontrent plusieurs difficultés, sont exposées à différents risques en cours de déplacement, subissent des violations de tous genre ; selon le rapport de plusieurs d’évaluation de la situation des déplacées dont le dernier est du cluster protection en ville de Beni, le rapport des organisations intervenant en faveur de cette catégorie mais aussi l’étude qu’a réalisé la FJDF auprès des déplacés  dans les comités de crise :

  1. l’insuffisance alimentaire et manque d’autres biens de première nécessité

Dans leurs zones d’origine, les femmes et leurs familles vivaient en grande partie des activités champêtres mais aussi  de l’élevage et du petit commerce ; avec ces activités elles assuraient la survie des familles en nourriture, frais scolaires des enfants et autres besoins. Ayant tout abandonné pour leur sécurité, les femmes déplacées dont la majorité sont des cheffes de ménages car séparées de leurs maris (décédés, enlevés ou en fuite) accèdent difficilement à la nourriture et autres produits de première nécessité ; alors que les enfants mangeaient à satiété (3repas par jour), actuellement  ils mangent difficilement une fois dans les familles d’accueil  soit là ou elles sont hébergées , chantiers inachevés, écoles, ou abris accordés par les bienfaiteurs locaux, soit dans les maisons en location pour certains .  il sied à signaler aussi qu’il ya des femmes qui passent 24 heures sans manger au bénéfice des enfants ;  n’ayant pas d’argent pour s’acheter la nourriture, elles se sont rabattues aux aliments qui ne sont pas de leur préférence pour calmer leur faim.

Selon les femmes déplacées, elles vivent de la générosité des églises, mutuelles,…mais aussi elles sont obligées de faire la mendicité ; ainsi elles sillonnent des rues et avenues, des boutiques, les bureaux de l’Etat, les marchés pour demander le l’aide avec des humiliations diverses car partout ne sont pas bien accueillies ; d’autres encore empruntent de la nourriture  au moins une fois la semaine , certaines  femmes ont vendu leurs actifs domestiques ( radio, téléphone, habits) Aucune intervention n’est organisée en faveur des déplacées ; d’où le risque de mal nutrition est imminent pour ces femmes et leurs enfants car nombreux enfants sont  privés de leur droit à la bonne alimentation en quantité et en qualité ;D’autres besoins comme des habits, savon, sel de cuisine, bois de chauffe, couvertures,… constituent un autre problème. Par ailleurs les femmes et leurs enfants passent nuit en une proximité sans pareil et dans des mauvaises conditions à meme le sol, sur des cartons ramassés ou des sacs vides, elles sont concentrés en 10 ou plus dans une chambrette au risque de propagation des maladies.  Ainsi plusieurs jeunes filles  pour améliorer leur situation se livrent au phénomène de « sexe de survie » car pas d’activités génératrices des revenus. Alors qu’il existe au pays le ministère des Affaires sociales, actions humanitaires et solidarité nationale , la misère des femmes  déplacées internes accompagnées de leurs enfants va du mal au pire, sans aucune assistance ; il est impérieux de plaider auprès des autorités locales et la notabilité locale pour que ces femmes qui sont des citoyennes congolaises accèdent au produit de première nécessité, d’obtenir l’espace pour la construction des abris pouvant accueillir les déplacés étant donné que l’insécurité est encore persistante dans leurs milieux d’origine ;

  • accès difficile aux soins de santé primaire et de maternité

Alors que dans le passé certaines structures avec l’appui des certains partenaires prenaient en charge les soins des personnes déplacées, aujourd’hui il n’en est pas le cas avec l’absence des partenaires d’appui aux soins de santé primaire ; les femmes et enfants déplacées accusent plusieurs maladies physiques et mentales. N’ayant pas des moyens pour payer des soins de santé, les femmes PDI pèsent sur leurs familles d’accueil qui pourtant sont aussi pauvres et ne savent pas honorer leurs factures en ambulatoire comme en observation. Cette situation rend insolvables les femmes déplacées malades ou qui font la garde de leurs enfants ; dans ce cas, elles sont obligées de se volatiliser  sans payer ;

Face à cette situation, les femmes recourent aux méthodes indigènes  et à l’automédication pour  se soigner ; selon  certaines femmes, les malades meurent à domicile dans ce contexte, ou alors d’autres parviennent aux structures en état de gravité et ne survivent plus ; les déplacés internes sont considérés comme des personnes qui pèsent sur le travail des structures sanitaires.la capacité d’accueil des malades est insuffisante à cause de la retenue des malades PDI dans les services à cause de l’insolvabilité.

Concernant la maternité, certaines femmes accouchent sans assistance infirmière dans certains endroits dans les maisons, ou en cours de déplacement au risque de perdre leur vie ; il est difficile pour les organisations de couvrir les frais de maternité, plusieurs femmes croupissent à la maternité faute des moyens  pire encore celles qui ont accouché par césarienne ; notons néanmoins que cette couche de la population attire certains  élus et ambitieux politiques comme base électorale à travers des actes  caritatifs fortement médiatisés.  

  • Difficulté d’accéder à l’eau potable, et problématique d’hygiène personnelle et communautaire.

L’eau étant la vie n’est pourtant pas accessible aux familles des déplacées surtout les femmes et les filles ; cette denrée précieuse est payante aux bornes fontaines publiques , aux sources aménagées voire au niveau des puits ; les femmes rencontrées ont déclaré que l’eau se paie par bidon( 50ou 100 francs congolais par bidon) ; d’où dans cette situation elles ne sont pas capables de s’en procurer pour la cuisson, le bain, et autres activités ; voulant recourir aux sources simples situées dans la plupart des cas loin de leurs milieux, elles s’impatientent de faire la queue avec les autres ces sources étant très fréquentées par les habitants autochtones qui engagent même des barrages, les femmes et les filles PDI préfèrent utiliser l’eau de la rivière ou des sources non aménagées pourvu qu’elles aient de l’eau peu importe la qualité. Pour les femmes PDI vivant en famille d’accueil, l’utilisation de l’eau est la base des mésententes  car le cout d’achat d’eau ayant élevé.une autre difficulté est celle de l’insuffisance des matériels pour puiser et stocker l’eau dans les ménages ayant accueilli les déplacées meme pour celles qui vivent indépendamment des familles d’accueil ; elles utilisent des seaux, casseroles, bassin plastiques de faible capacité de stockage car ayant tout laissé chez eux. Elles sont obligées ainsi d’effectuer plusieurs tours pour puiser de l’eau.

Focus groupe avec les représentants à Mangina

S’agissant des installations hygiéniques, plusieurs personnes (PDI et autres) se disputent la porte d’une latrine, d’où des conflits entre les ménages d’accueils et les PDI pour l’utilisation d’une meme latrine, sur son maintien en état propre ; disputes des femmes autour des douches familiales qui sont quelque fois inexistant dans certains quartiers ;

Les conditions hygiéniques personnelles  des femmes et filles sont déplorables en croire aux déclarations de certaines, surtout en période menstruelle et ; elles ne disposent et n’accèdent  pas aux  kits  appropriés de protection(bandes hygiéniques) et utilisent des  morceaux d’étoffes  pour se protéger ; aussi avec la difficulté d’accéder à l’eau potable, celles-ci prennent bain avec l’eau souillée en s’échangeant  des récipients comme des bassins, seau ; cette pratique les exposent aux infections difficile à soigner ;  cette situation est une violation des prescrits de la résolution 1325 qui demande d’accorder protection particulière aux femmes et filles et prendre  en compte leurs besoins spécifiques. Un appel est ainsi lancé à tous ceux qui interviennent en faveur des déplacées de tenir compte de ces besoins spécifiques  des femmes.

  1. Les viols et autres violences sexuelles

Alors que la résolution 1325 des nations unies accorde une attention accrue à la prévention des violences sexuelles à l’égard des femmes et filles pendant les conflits armés, tel n’est pas le cas pour les femmes déplacées. Partant des témoignages et informations recueillis auprès des diverses source, les femmes et filles ont été ou sont victimes des viols et d’autres formes des violences sexuelles  dont seraient auteurs les assaillants ADF, des militaires, voire des civils ; plusieurs cas de viols se passent durant le déplacement et dans les milieux d’accueil ; notons que plusieurs femmes ont été enlevées par les assaillants en cours de déplacement dans certains  milieux précités et ont été rendues esclaves sexuels ; si les unes  ont été relâchées après ces actes des viols souvent massifs ,d’autres ont été tuées, d’autres encore restent jusqu’aujourd’hui esclaves sexuels, ;  certaines femmes déclarent avoir été violées par les hommes en armes , en uniformes similaires à celles des FARDC ;  dans tous les cas sans aucune assistance médicale à la merci de toutes les conséquences (maladies sexuellement transmissibles, blessures, grossesses non désirées); certaines structures sanitaires ont accueilli des cas au delà du délai requis la distance à parcourir étant longue.

Dans les familles d’accueil, les femmes et filles sont violées suite à la promiscuité des hommes, femmes, enfants comprimés dans des mêmes cellules ou encore par les membres des familles d’accueil ;  parfois ces cas sont tus, ne sont pas dénoncés  ni par les victimes ni par leurs proches craignant pour leur sécurité, meme celles qui se sont dirigées vers les structures de prise en charge médical n’ont pas voulu que les faits soient dénoncés.

  • Abus et exploitations sexuels, l’exploitation économique;

       Les filles et femmes ayant fui la guerre sont sexuellement exploitées à Beni ;  selon l’organisation One girl, one leader (OGOL) ;  les jeunes filles sont exploitées sexuellement dans certaines maisons de tolérance. Celles-ci ont été récupérées  par les femmes et hommes tenanciers de ces maisons car n’avaient plus des parents  et presque pas de famille ; d’autres par contre sont abusées sexuellement par des hommes en échange des biens de première nécessité (habits, savons, crème de beauté, nourriture,…).

Par ailleurs d’autres encore sont utilisées comme mains d’œuvre dans différentes entreprises (petit commerce, travaux domestiques) sans être rémunérées profitant seulement des nourritures, logement. La situation de vulnérabilité des femmes et filles PDI est manipulée par certaines personnes à tous les niveaux ; étant dans le besoin, celles-ci se laissent faire pour gagner la vie.

Elles ont été touchées suite à la recherche de la survie, les familles  ont été  contraintes  à se séparer alors que le principe 17 à ses alinéas 1et 2 que « chacun au droit au respect de sa vie familiale » ; « afin  de  donner effet à  ce droit reconnu aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ,les membres d’une famille qui souhaitent rester ensemble seront autorisées ». Et comme si cela ne suffisait pas, leurs biens sont pillés, ravis ; elles sont arbitrairement privées de leurs propriété et possessions (champs, maisons) en voulant retourner ; ce qui crée des malentendus et différends. D’où la nécessité pour aller ester en justice pour recouvrer leurs droits légitimes.  

Ces difficultés rencontrées par les femmes ne sont pas exhaustives, elles sont nombreuses, celles invoquées ci haut n’est qu’une illustration des plus récurrentes.

 Pour cette cause, la FJDF demande  aux autorités compétences de venir en aide aux victimes des massacres vivant en ville de Beni et ailleurs  pour répondre au premier besoin de ces filles.

Toutes les situations ci hautes décrites sont à la base des problèmes psychologiques chez plusieurs femmes et filles ; celles qui ont été reçues dans les structures de prise en charge psychologiques ont déclaré être dépassées par les événements de guerre, certaines ont assisté à l’exécution de leurs maris, leurs proches ; d’autre part  la vie qu’elles mènent comme déplacées d’où elles sont doublement  voire triplement victimes des conflits armés. Cette prise en charge étant chère, nombreuses ont sombré dans la dépression  car n’ayant pas accédé à celle-ci ; Malheureusement cette tragédie des femmes et filles se passe sous silence des preneurs des décisions ;

Bien que certaines femmes et filles PDI  victimes des violations (violences sexuelles) préfèrent garder le silence par crainte de représailles ou par ce que leurs bourreaux ne sont pas bien identifiés, d’autres émettent le vœu d’aller en justice malheureusement n’ont pas des moyens pour soutenir leur action ;

III. BESOINS IDENTIFIES

      De  cette description, il ressort  les besoins récurrents suivants des femmes et filles PDI :

-besoin des vivres et non vivres

-construction des abris pour se protéger contre la promiscuité, le viol, vol

-besoins des vêtements, médicaments et prise en charge médicale gratuite

-besoin des kits de dignité ( kits hygiéniques)

– accès à l’eau potable

-prise en charge psychologique et juridique  gratuite des victimes des violations

-éducation des enfants déplacés

-activités génératrices des revenus pour les femmes surtout cheffes des ménages-apprentissage des métiers.

Ces besoins s’avèrent urgents, mais ce qui importe c’est le retour de la paix dans les zones touchées, pour permettre le retour à la vie normale des personnes déplacées dans leurs milieux respectifs.

Entretiens avec les femmes déplacées d’Oïcha

IV RECOMMANDATIONS

La FJDF, émet enfin les recommandations suivantes pour soulager tant peu la misère des femmes et filles déplacées :

  • Au gouvernement congolais  de:
  • concrétiser  ses promesses de mettre fin à la guerre
  • mettre en place des mécanismes de prise en charge ou des réponses aux besoins spécifiques des femmes et filles déplacées internes ;
  • mobiliser les partenaires nationaux qu’étrangers pour assurer la prise en charge holistique gratuite.
  • d’assurer l’accès gratuit à l’eau potable aux déplacées ainsi que les familles qui les accueillent
  • sanctionner les auteurs des violations à l’égard des femmes en facilitant leur accès à la justice
  • Aux organisations Non gouvernementales :
  • Appuyer financièrement et techniquement les actions humanitaires en faveur des déplacés ;
  • Renforcer la réponse pour la prise en charge holistique  des femmes et filles survivantes des violences de tout genre.
  • Distribuer les kits de dignité aux filles et femmes PDIs en âge de procréer.
  • Accompagner les femmes et filles PDIs victimes auprès des instances pour une justice équitable.
  • Aux familles d’accueil
  • traiter avec dignité et humanité les femmes déplacées et leurs familles
  • protéger les déplacées contre les violences ;

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