
Acteurs de la justice et professionnels de la santé ont été en séance d’échanges ce mercredi 22 octobre 2025 dans l’une de salles de réunion du Centre d’accueil Joli Rêve à Butembo. Ils se sont rencontrés au cours d’un atelier tenu par l’Organisation Femmes Juristes pour la Défense des Droits de la Femme et de l’Enfant, FJDF.
Cette organisation a fait un état des lieux sur l’état d’avancement des dossiers relatifs aux violences sexuelles et celles basées sur le genre. Occasion pour Maître Moïse SYAGHUSWA de noter que quelques obstacles bloquent l’avancement de certains dossiers.

Ensuite, le représentant du Président du Tribunal militaire, garnison de Butembo, a exposé sur la procédure pénale en matière de violences sexuelles. «Le travail de la justice commence par l’OPJ. C’est l’OPJ qui mène les enquêtes en amont. C’est lui qui rencontre la victime, c’est lui qui arrête l’infracteur. Si nous avons la difficulté de trouver la victime au niveau du tribunal, mais lui déjà au début, tout au début en amont, il a déjà la victime avec lui. Donc il peut déjà arriver à poser tous les actes, les actes d’interrogation et même les actes de confrontation surtout. Parce qu’avec la situation qui se passe dans ces coins de l’Est, peut-être que là où se trouvait la victime, il y a eu des dégâts, il y a eu la rébellion et les personnes se sont dispersées. Nous ne savons plus entrer en contact avec la victime, mais le dossier se trouve déjà devant la juridiction. Alors si lui a pu faire son travail à bien, cela pourra nous permettre de pouvoir condamner la personne pour les faits qu’elle a commis », explique-t-il.
Cette intervention a été suivie par des questions posées par les OPJ présents à la séance. Ceux-ci sont venus de Njiapanda, Butembo, Vulambo, Butuhe. Ils ont été mandatés par les FARDC, l’ANR et la PNC.

Ensuite, des professionnels de la santé ont partagé leurs expériences sur la collaboration avec la justice au sujet des dossiers relatifs aux violences sexuelles.

Les blouses blanches et les hommes en tenues se sont accordés sur les termes à utiliser dans leur communication pour faciliter l’instruction des dossiers.
A la fin de la séance d’échanges, l’organisation FJDF exprime son impression d’avoir atteint l’objectif assigné. Maître Lydie KAKE, chargée de l’accompagnement judiciaire, se réjouit de l’attention de participants.

«Nous supposons vraiment que ça a été atteint parce qu’on avait besoin de réunir les OPJ des différents commissariats. Ils ont été présents. Aussi des différents groupes intervenants dans l’instruction comme GMI, ANR, ils se sont présentés et ont été actifs durant les discussions qui ont été menées. Les uns ont pu prendre en compte les erreurs qu’ils commettent lors de l’instruction. Et bien sûr, il y avait quelque chose à apprécier de positif. On a aussi bien dit, on a signalé que le travail n’a pas seulement montré le négatif, il y a aussi quelque chose qui allait parce que les dossiers ont été transmis à partir de la police jusqu’au tribunal. Nous supposons que chacun prendra sa part dans ce qui a été discuté en groupe. Nous supposons que tout ira bien à partir des acquis que nous venons d’avoir à partir de cette formation », espère-t-elle.
Il faut dire que la tenue de cet atelier cadre avec le souci de contribuer à la bonne administration de la justice en faveur des femmes victimes des violences sexuelles et celles basées sur le genre.

Maître Kahambu Abidane, Coordonnatrice de FJDF, saluant l’assiduité de participants à la fin de cette rencontre. Photo Patient Akilimali/Radio Elimu
Ces jours-ci, FJDF fait constater que 8 des dossiers accompagnés connaissent des difficultés à diverses facettes alors que d’autres sont des dossiers dont les victimes sont devenues injoignables après s’être déplacées à cause de la guerre.
D’autres encore sont des dossiers dans lesquels les victimes sont déjà injoignables à cause de la longue durée de certains procès. D’où, la recommandation de participants à voir les prescriptions légales être respectées notamment en matière de violences sexuelles : un mois pour les enquêtes et un délai de 3 mois pour le jugement.
Notons que l’organisation FJDF a organisé cet atelier grâce à l’appui de la Mairie de Barcelone (Ajuntament de Barcelona).